Shame, de Steve McQueen

Un soir où j'étais passablement énervée, un samedi d'ailleurs, je vais voir Shame, film qui fait le buzz et dont j'ai vu la bande annonce 100 fois, avec une très bonne pote. Mon copain est moi on avait été vite intrigué, on avait fait des recherches sur le réalisateur. J'ai lu des articles critiques sur le film ; tous étaient élogieux et louaient la sobriété du film. moi c'est le genre de compliment qui me fait peur : si j'allais voir un film sur un sex addict, c'était, avouons le, d'abord par pur voyeurisme.

Premièrement, je ne me suis pas ennuyé. Certes j'ai regardé ma montre plusieurs fois, mais ça c'est parce que j'avais rendez-vous après. Sinon, le film passe tout seul, naturellement, avec quelques longueurs certes mais qui ne sont pas désagréables. C'est un exploit pour ce genre de film, qui, justement, travaille sur le silence, ce qu'on montre et ce qu'on ne montre pas.
Pour autant, le film n'est pas dénué d'humour ni de moments de tension. En fait, un climat hyper angoissant règne tout le long du film : qu'est-ce qui va bien se passer à la fin, qui justifie qu'on filme ce type là, spécialement ? Rien n'est dit ni véritablement montré : pas de psychologie de comptoir pour expliquer son addiction, pas de scène de branlette crade ou de levrette sado. Rien d'humiliant ni de pervers, au sens où nous spectateurs serions des gros cochons d'aller voir ça. Shame est subtil et joliment filmé ; mais il bouscule un peu, pour sûr !

Shame, de Steve McQueen (2011), drame
Avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale ...